En effet, où étaient-ils tous ces beaufs dépolitisés et désinformés quand le gouvernement de Valls saccageait le Code du travail avec la loi El Khomri, quand Macron finissait le boulot avec ses ordonnances ? Où étaient-ils quand les cheminots défendaient la SNCF ?
J’enrageais moi-même hier en entendant un « gilet jaune » demander à une syndicaliste de la CGT ce que faisaient les syndicats pour défendre les gens contre le recul de leurs droits. Elle aurait pu s’agacer et lui demander où ils étaient tous ces « gilets jaunes » quand les syndicats et notamment la CGT appelaient à manifester contre la loi travail, contre les ordonnances Macron, contre la réforme de la SNCF. Elle aurait pu, comme toi, leur renvoyer à la gueule leur désinvolture, leur absence de combat à tous ces inconséquents qui viennent chialer aujourd’hui pour sept centimes de plus sur leur litre de gazole.
Au passage, quand ce « gilet jaune » parlait des syndicats son propos était certes trop englobant, mais il faut bien reconnaître que certains, la CFDT et FO en tête n’ont pas été très offensifs contre la loi El Khomri et contre les ordonnances Macron. Berger de la CFDT a négocié la longueur de la corde avec le gouvernement Valls pour la loi El Khomri et Mailly de FO s’est lamentablement couché au moment des ordonnances Macron.
Mais revenons donc à cette syndicaliste de la CGT qui se trouvait en plateau face à un « gilet jaune » qui, lui, était à côté de son rond-point. Elle ne l’a pas renvoyé dans ses vingt-deux. Elle lui a fait remarquer, à juste titre, que la mobilisation contre la loi travail et les ordonnances Macron n’avait pas rassemblé suffisamment de monde. Mais elle ne lui en a pas fait le reproche de, peut-être, ne pas avoir été des manifs syndicales – parce que même si c’est rageant, et si je suis la première à être ulcérée quand j’entends des salariés cracher sur les syndicats ou les grévistes qui prennent la France en otage – elle sait qu’en effet ces gens sont souvent peu politisés, peu syndiqués, pas assez informés, et donc difficiles à mobiliser.
Tu as la chance tout comme moi d’avoir un capital culturel qui te permet d’avoir accès à l’information et à la compréhension de ton environnement politique et économique, de textes législatifs telle la loi travail. Et encore, même pour les « initiés » c’est loin d’être simple. Je me souviens d’avoir entendu des syndicalistes dire combien ça allait vite, combien il allait falloir mettre les bouchées doubles pour décrypter la loi El Khomri et arriver à porter à la connaissance des travailleurs ce que ce texte voulait dire pour eux, pour leur quotidien. Beaucoup de ces gens qui portent aujourd’hui un gilet jaune ont souvent une faible conscience politique c’est vrai, ils ne veulent même plus entendre parler de politique – alors qu’ils recommencent à en faire en se mobilisant-, ils connaissent mal l’histoire politique et sociale de la France, l’histoire politique des idées, ils ne savent pas bien comment fonctionnent les institutions, l’économie, le système financier, l’euro, l’UE… Ils n’ont pas lu Piketty et pour certains même s’ils le lisaient ils n’en comprendraient sans doute pas grand-chose malheureusement, et ce n’est pas leur faire injure que de le dire, c’est simplement poser le constat que l’instruction et la connaissance sont les choses les plus mal partagées (avec les euros). Va dire à une auxiliaire de vie, à un ouvrier de chantier, à une aide-soignante de bouquiner du Piketty le soir après sa journée de labeur, après avoir fait les courses, le repas, baigner les enfants, les avoir fait dîner. Mon conjoint, quand il rentre de sa journée de 10 heures, parfois 11, parfois 12 heures. Tiens, tout à l’heure il me parlait d’un de ses collègues chauffeur routier qui a enquillé 12 h 45 dans sa journée, à courir – et ce n’est pas une image, il parcourt des kilomètres chaque jour – à droite à gauche, il est lessivé, physiquement lessivé, il n’a qu’une envie : se poser sur le canapé et se RE-PO-SER. Il n’a pas la tête à se lancer dans la lecture passionnante de Piketty, de Todd ou de Lordon ! Alors oui, beaucoup de « gilets jaunes » n’ont pas lu Piketty et tous les auteurs de la pensée libérale, néolibérale, keynésienne ou néo-keynésienne. Ils ne savent pas qui est Ricardo, Adam Smith, Milton Friedman ou Ayn Rand. En revanche ils savent parfaitement, parce qu’ils l’expérimentent tous les jours et cela depuis des années, que le modèle économique dans lequel ils sont plongés les appauvrit, les asservit. Leur problème ce n’est pas qu’il existe une élite – du moins ça n’était pas leur problème originel – c’est que cette élite ait fait sécession, qu’elle ne soit plus à leur service, qu’elle ne défende plus les intérêts du plus grand nombre qui est essentiellement constitué des plus faibles.
Ils ont voté à droite, à gauche, puis encore à droite, et encore à gauche et même à l’extrême centre – j’aime beaucoup cette expression popularisée par le philosophe québécois Alain Deneault – en 2017, pour barrer la route au fascisme, au nazisme, à la peste brune, bref aux représentants du mal absolu et interplanétaire ; notamment parce que l’ensemble de la presse leur a expliqué « faites ce que vous voulez, mais votez Macron » (1), que le même Macron a fait toutes les commémorations possibles pour bien rappeler à tous qu’avec Marine Le Pen les heures les plus sombres de l’histoire étaient de nouveau à nos portes. C’est bien simple, en 2017, face à Marine Le Pen une chèvre aurait gagné l’élection !
Alors oui, les gens ont mal voté, une fois encore. Le gentil Benoît Hamon – issu des rangs du PS, comme le Président Hollande, dont le quinquennat a été si glorieux qu’il n’a pas pu se représenter – et son revenu universel n’ont pas trouvé grâce aux yeux des Français. C’est que, à tort ou à raison – je n’ai pas d’avis arrêté sur le revenu universel ou revenu de base – beaucoup de Français ne semblent pas emballés par l’idée. Ils ne demandent pas la charité, et c’est souvent ainsi qu’ils ressentent le concept de « revenu universel ». Ils veulent du travail. Ils ne veulent pas rester chez eux et toucher des subsides, ils veulent travailler, être partie prenante de la société, et à ce titre, recevoir une rémunération juste et décente qui leur permette de vivre normalement. Alors il y aurait beaucoup à dire sur le travail, le sens qu’on donne au travail dans la société, sur la question de la formation, de la valeur et de sa répartition… et le revenu universel est une question qui mérite d’être posée. Mais je ne me lancerai pas dans un débat sur le sujet ici et maintenant.
Donc les gens ont mal voté. En gros 20 % de fascistes-nazis ont voté Le Pen, 20 % de staliniens-chavistes ont voté Mélenchon, 20 % de bourgeois conservateurs ont voté Fillon et 20 % de bourgeois bohèmes ont voté Macron. Je te le fais à la louche et avec autant de subtilité que la société du spectacle de nos chaînes infos. En attendant, tu remarqueras que 40 % des électeurs ont voté pour des partis très critiques envers l’UE, sa technostructure, ses normes, son fonctionnement… Sont-ce les mêmes qui ont voté NON en 2005… ?
Mais revenons en novembre 2018…
Oui, le propos des « gilets jaunes » est brouillon, leurs revendications disparates, mais c’est justement le rôle du politique de démêler tout cela, de faire un peu de maïeutique pour que de cette confusion jaillisse l’essentiel. Et quel est l’essentiel du message ? L’essentiel, c’est : on bosse et on ne vit plus de nos salaires, on survit. On a déjà supprimé tous les petits extras, on bosse pour payer nos factures, et même ça, on n’y arrive plus. On paie des taxes, des impôts et on n’en voit plus la couleur ; on est obligé de faire 50 bornes pour se soigner, pour accoucher parce qu’on nous a fermé l’hôpital, la maternité et EN MÊME TEMPS, on nous explique qu’il faut laisser la voiture au garage – ou en changer alors qu’on n’en a pas les moyens – parce que ça pollue. On nous taxe nous les petits, les sans-grades, nous qui n’avons que nos maigres salaires pour subvenir à nos besoins, mais on supprime l’ISF. Ce que veulent ces gens, c’est la justice. C’est aussi simple que ça. Ils ne supportent plus de se débattre avec leurs 1 000 ou 1 200 € par mois quand d’autres s’empiffrent et gagnent en une journée ce qu’ils ne gagneront jamais dans toute une vie. Ils veulent que les plus riches paient leur juste part d’impôt comme leurs ancêtres de 1789 voulaient que la noblesse et le clergé paient leur contribution.
C’est pourtant extraordinairement simple ce qui ne te saute pas aux yeux : ce sont des gens qui se taisent depuis des années, des décennies parfois, des gens qui en effet ne participent pas aux manifs habituellement, qui sont peu politisés, qui pour une partie d’entre eux ne votent même plus. Et là il y a eu une étincelle ; car j’espère que tu as bien saisi que la hausse des prix du carburant (qui ont déjà été à un niveau aussi élevé, tous les journalistes l’ont rappelé) n’était QUE l’élément déclencheur d’une colère qui couve depuis des décennies.
Alors oui, Macron n’est pas responsable de toute la misère française qui sévit depuis tant d’années et résulte notamment de quarante ans de décisions politiques inspirées, ou plus certainement mal inspirées, de la révolution conservatrice (comme dirait Stiegler) ou de l’école néo-libérale des Chicago boys comme dirait Lordon, pour faire court, parce que je n’ai ni la soirée ni la science de Stiegler, Lordon, Todd, Piketty, Porcher, Supiot et bien d’autres, pour développer. Il n’est là que depuis mai 2017 – il était déjà là sous la présidence Hollande soit dit en passant – et contrairement au titre de son livre prémonitoire « Révolution » (pas sûre que ça lui porte chance) il ne va pas révolutionner la France en dix-huit mois, ni en trente-six, pas même en cinq ans. Pire, il n’y aura aucune réponse apportée à ces gens parce qu’en effet on ne fait pas dévier de trajectoire un paquebot qui navigue depuis quarante ans dans la mauvaise direction au milieu des icebergs, comme ça, en claquant des doigts.
Oui, c’est compliqué. Oui, dans un monde où l’économie est globalisée, où les puissances d’argent comme dirait le père Mélenchon sont extrêmement puissantes, où prendre une décision là a des incidences souvent imprévues ailleurs, où les systèmes complexes rendent tout changement extraordinairement difficile, où la disruption (comme dirait l’ami Stiegler) imposée par l’économie et les nouvelles technologies réorganise le système en permanence posant des problèmes infinis à un législateur qui a toujours trois wagons de retard, à des structures sociales et humaines qui demandent de la persistance, de la durabilité, où le temps de la démocratie est court-circuité en permanence par la volatilité et l’insaisissabilité de l’économie notamment numérique, où les plus riches font du tourisme fiscal et législatif, où règne la gouvernance par les nombres, oui, dans ce monde-là trouver des solutions relève des 12 travaux d’Hercule.
Mais est-ce que tu peux entendre que des gens qui tirent le diable par la queue depuis des années, des décennies, toute une vie parfois ne sont pas en mesure d’entendre ça, d’entendre que la complexité du monde rend la tâche de Macron ou d’un autre extraordinairement difficile ? Est-ce que tu peux entendre que ce que ces gens retiennent c’est : la baisse des APL de 5 € et EN MÊME TEMPS la suppression de l’ISF (plus exactement sa transformation en IFI). Ce que ces gens retiennent c’est que les revenus des plus fortunés ne cessent d’augmenter tandis que les leurs stagnent alors que leurs dépenses contraintes (d’énergie, de logement, d’assurance) augmentent. Ce que ces gens retiennent de Macron ce sont ses petites phrases à la con : « les gens qui ne sont rien », « les fainéants », « ceux qui feraient bien d’aller chercher du boulot ailleurs plutôt que de foutre le bordel » (aux ouvriers de GM&S) ou de « traverser la rue » (à cet horticulteur). Macron aurait sans doute pu continuer sa politique s’il n’avait pas ajouté à l’injustice de ses mesures le mépris. Trimer comme un con pour ne pas s’en sortir et bouffer des patates 30 jours par mois c’est une chose, mais être méprisé en prime, ça c’est insupportable pour n’importe quel être humain normalement constitué.
Alors oui, ce mouvement, cet ovni social comme se plaisent à le nommer les journalistes, est difficile à appréhender et plus encore à contenter. Oui, ça part dans tous les sens et parfois en cacahuète. Oui, il y a tout et parfois son contraire. Oui, il y a le pire et le meilleur comme dit Ruffin. Mais quand tu soulèves le couvercle d’une cocotte-minute qu’on a laissé sur le feu pendant dans années, tu as toutes les chances d’y trouver un magma aussi inédit que bouillant.
Ce mouvement est protéiforme. Il y a de tout parmi ces « gilets jaunes » parce que justement ce mouvement est très large. Il y a Jacline qui n’a semble-t-il pas trop de soucis de fin de mois et qui roule en 4×4, mais qui visiblement se sent solidaire. Est-elle sincère ? Je n’en sais rien, je ne sonde pas les cœurs et les reins. Il y a de ceux qui passent aux patates à tous les repas à partir du 15 du mois, qui roulent avec des vieux diesels et n’ont absolument pas les moyens de s’acheter un autre véhicule même si l’État leur file 4 000 € de prime.
Dans ce mouvement tu as des gens qui votent (pour ceux qui le font encore) pour Le Pen, d’autres pour Mélenchon, d’autres encore qui ont voté pour Macron, pour Dupont-Aignan, qui ont voté blanc. Tu as des ouvriers et des employés (beaucoup d’ouvriers et d’employés), des indépendants (petits artisans, VTC, autoentrepreneurs) des femmes (beaucoup de femmes) ; c’est assez frappant. Enfin moi, ça m’a interpellé. Mais c’est logique quand on les écoute. Beaucoup sont des femmes seules qui élèvent des enfants, qui ont des revenus faibles, des auxiliaires de vie à 800 € par mois par exemple, des employés qui touchent 1 200 €/mois ; des retraités aussi, beaucoup de retraités, et cela aussi c’est frappant et logique, parce que l’augmentation de la CSG quand tu perçois 3 000 € de retraite, ça te laisse encore de quoi vivre, mais quand tu as 1 250 € seul ou 1 800 € à deux, ça a un tout autre impact . Il y a aussi mes parents qui appartiennent à ces classes laborieuses comme dit Macron – c’est marrant de l’entendre utiliser la sémantique marxiste. Mais comme le dit Lordon les néolibéraux sont de grands marxistes en vérité – qui reçoivent 2 000 € de retraite à eux deux – mon père a commencé à travailler à 14 ans, ma mère à 17 ans -, qui ne remplissent plus leur cuve à fioul car ils ne peuvent tout simplement plus le faire – autant te dire qu’ils ont adoré quand Edouard Philippe leur a expliqué qu’il fallait qu’ils changent de chaudière -, il y a une collègue que je vois tous les jours, employé de bureau, qui fait 40 km Aller/Retour pour venir travailler avec sa vieille bagnole sans doute pas très écolo, tout ça pour gagner son Smic, il y a mon compagnon et ses collègues ouvriers qui doivent bosser comme des cons et faire des heures sup’ et encore des heures sup’, pas pour gagner des fortunes, non non, juste pour avoir des salaires décents. Et tu sais ce que leur répond le patron quand ils ont l’audace de se plaindre : « eh les gars, vous êtes bien ici, vous pouvez faire des heures sup’ ». Ben c’est vrai ça, de quoi se plaignent-ils ces ingrats ? On leur offre cet immense privilège de faire des heures sup’ et en plus elles sont rémunérées ! Merci Patron !
Et puis il y a moi aussi qui ai la chance de ne pas rencontrer de difficultés financières particulières mais qui me sens totalement solidaire de cette France populaire parce que j’en viens de cette France-là, ça fait partie de mon ADN, je suis la fille d’un paysan et d’une employée de bureau, je sais d’où je viens et je refuse de l’oublier. J’ai toujours pris la défense des petits – c’est viscéral chez moi – et je continuerai. Même s’ils s’y prennent parfois comme des manches pour faire entendre leur voix, même s’ils ne parlent pas très bien dans le poste de télévision – ce qui amuse beaucoup certains journalistes et commentateurs -, même s’ils n’ont pas lu Piketty, même s’ils utilisent parfois les mêmes armes contestables que l’ennemi, même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’ils disent et font et que je critique et continuerai à critiquer ce qui me semble devoir l’être, mais je tâcherai de toutes mes forces de le faire avec bienveillance parce qu’ils bénéficient de larges circonstances atténuantes. À la différence de toi, qui depuis le début de ce mouvement – que tu as pris en grippe parce que tu as besoin de te déplacer (comme nous tous, comme moi, comme eux aussi) et que ces manifestants te prennent en otage en bloquant les ronds-points – passe beaucoup plus de temps à traquer le débordement, le faux « gilet jaune », la fausse nouvelle, le mauvais argument, bref à jouer aux décodeurs de l’infos, sans jamais ou presque relever la souffrance qui s’exprime, je préfère, moi, passer du temps à écouter ce que disent ces gens, à comprendre comment et pourquoi ils en arrivent là, comment et pourquoi certains se retrouvent sur des ronds-points jour et nuit en plein mois de novembre, comment et pourquoi des ouvriers après leur journée de 8 heures rejoignent un point de rassemblement ici ou là.
Oui, dans ce mouvement tu as aussi des blaireaux, des racistes, des abrutis, des homophobes comme tu en as dans l’ensemble de la population française. Mais réduire ce mouvement à ces marges-là, c’est particulièrement malhonnête. Ce sont souvent les mêmes – journalistes, éditorialistes, hommes et femmes politiques, commentateurs – qui n’avaient pas de mots assez forts pour nous expliquer, à juste titre d’ailleurs, qu’il ne fallait pas faire d’amalgame entre terrorisme et islam, entre terroristes et musulmans et qui aujourd’hui braquent la lumière sur les dérives et les débordements de ces « gilets jaunes » pour mieux faire oublier les raisons de la colère et invalider la légitimité de cette colère. Les mêmes qui se gargarisent de la République, celle qui est sortie de la Convention en 1792, mais aussi de la prise de la bastille, des massacres de Septembre, de la guerre de Vendée, s’horrifient aujourd’hui parce que la populace prend les ronds-points, défile là où elle n’est pas autorisée à défiler, fait preuve de véhémence et même parfois de violence, parce qu’elle déborde, parce qu’elle a la colère trop bruyante. Mais dis-moi, quand dans l’histoire les révoltes et les révolutions ont-elles été de gentilles garden-partys ?
Tu trouves délirantes des revendications telles que la destitution de Macron ou la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce que tu ne sembles pas vouloir comprendre c’est qu’on est entré dans une crise telle que la personne même de Macron cristallise toutes les détestations. Louis XVI a payé de sa vie ses erreurs mais aussi celles de ses prédécesseurs. Macron n’est certes pas responsable de tous les maux de ce pays mais c’est lui qui est en place à cette heure, c’est donc sa tête (au sens figuré) qui est demandée. Quant à la dissolution, ça s’entend, même si en effet dans le contexte ça pourrait ouvrir sur un beau bordel. Mais redonner la voix au peuple souverain quand la légitimité du pouvoir est à ce point remise en cause, n’est-ce pas aussi cela la démocratie ? Et si l’Assemblée nationale qui sortait de ces élections était aussi jaune (2) que celle qui est sortie des urnes en juin 2017 et que les gilets de novembre 2018 (ironie de l’histoire), alors tous les mécontents n’auraient plus qu’à rentrer chez eux. Regarde les législatives partielles à Evry. C’est un député LREM qui a été élu. Ah ! Il est vrai 82 % des électeurs ne sont pas allés voter. Eh oui, la crise sociale – et écologique, car nous n’avons pas parlé d’énergie, de ressources, mais là aussi les perspectives d’emmerdements inextricables sont immenses – éclate sur fond de crise institutionnelle, crise de la représentativité, défiance à l’égard de ceux qui gouvernent.
Le chantier est immense et ce texte déjà trop long.
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(1) https://boutique.liberation.fr/products/samedi-06-et-07-mai-2017
(2) https://www.linternaute.com/actualite/politique/1274309-legislatives-2017-les-resultats-qui-sera-president-de-l-assemblee/