L’heure des amants

1, 2, 3
Tournent les aiguilles du temps 
4, 5, 6 
Laisse vivant cet instant
7, 8, 9 
Demain je m'en irai
10, 11, 12 
Ce soir je veux t'aimer. 

Tes mots me brûlent
Tic-tac tic-tac fait la pendule.

1, 2, 3 
Je veux encore et encore
4, 5, 6
Ton parfum sur mon corps.
7, 8, 9
Un incendie dans tes yeux
10, 11, 12
Et c'est moi qui prends feu.

Tes mots me brûlent.
Tic-tac tic-tac fait la pendule.

1, 2, 3
Filent les heures des amants
4, 5, 6 
À la maison ta femme attend.
7, 8, 9 
Va ! Le dîner est bientôt prêt
10, 11, 12
Qu'importe ! J'ai fini de t'aimer.

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Quand tu chantais

Il y a ces voix qui se mêlent
Il y a ta voix surtout
Ta voix qui résonne 
Et reprend les moulins de mon cœur. 

Il y a tes bras aussi 
Tes bras qui sont si loin déjà
Et il y a mon cœur
Qui tourne en rond
Qui réclame et qui s'affole. 

Il y a mon cœur
Comme un tournesol
Et tu chantes
Tu chantes encore
Comme tu chantais hier 
Pour bercer mes nuits
Pour accompagner d'un filet de voix
Le sommeil qui ne venait pas.

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Au voyageur absent

Je t’écris ce soir mon amour
Au temps clair
Au temps lourd.
Sous le pont des plaisirs
J’écoute battre le désir,
Celui qu’hier glissait
Dans les torrents enfiévrés
De mes veines assoiffées.
Et ma chair se souvient
Et j’ai encore dans le creux de mes mains
Sur la peau le dos et les seins
Les cicatrices ardentes
De nos caresses impudentes
De nos diablesses luttes lentes.

Je t’écris ce soir mon amour
Au temps clair
Au temps lourd.
Et j’enrage de te savoir si loin
Quand j’ai tant besoin
De ta bouche et tes yeux et tes reins,
De ton sang criminel se mêlant au mien.
Alors je maudis la chaleur de la nuit
Et la fadeur du matin qui s’enfuit
Sans l’ivresse dernière qui apaise la faim.

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L’anniversaire (3)

Une main accrochée à la barre en fer forgée du baldaquin, j’ôtai un à un mes escarpins. En tombant le talon claqua sur le parquet. Puis j’accrochai la fermeture éclair de ma robe pour la faire glisser jusqu’à la hanche. La bretelle gauche tomba. La droite l’imita. Les mains sur la taille, la poitrine serrée dans le satin pourpre, je restai là un instant devant ce lit encore vide, encore froid. Je finis de retirer ma robe et je fis quelques pas sur moi-même. Mon regard s’arrêta sur le lit, se tourna vers le fauteuil, observa le ruban. Le ruban. Le lit. Le ruban. Le lit. Le ruban. Je m’en emparai et m’avançai vers ce lit. Je m’assis au bord. J’enroulai le morceau de tissu autour de ma tête et m’allongeai sur le dos. Je ne savais plus quoi faire de mes bras. Je les gardais étendus le long de mon corps, puis l’instant d’après je les croisais sur mon ventre. De la main gauche, je caressai mon épaule droite puis redescendis dans le cou jusqu’à la naissance de mon sein. Sous mes doigts, la dentelle et le satin se faisaient tisons ardents. L’atmosphère était oppressante. Je me sentais à l’étroit dans ce soutien-gorge qui freinait le déploiement de ma respiration haletante. Je devinais ma peau se colorant sous l’effet de l’excitation qui devenait de plus en plus intolérable. Et Benjamin qui n’arrivait pas !

Plongée dans la pénombre derrière ce ruban, je ne pouvais plus compter que sur mes autres sens. Serait-ce son pas que j’entendrais le premier ? Son parfum qui naviguerait jusqu’à mes narines ? L’impatience me gagnait. Les secondes défilaient et semblaient de longues et interminables tortures. Les yeux fermés derrière mon ruban, déjà esclave de mon propre désir, j’imaginais Benjamin. Ses mains longues et larges, douces et assurées. Ses doigts s’emmêlant dans mes cheveux. Ses étreintes franches et affamées. Son souffle au-dessus de ma bouche et ses lèvres m’effleurant à peine. Le bout de sa langue glissant, imperceptible caresse, de ma joue à mon cou.

Ah ! Le démon ! Il donne et il reprend. Il habille l’envie, la fait naître et grandir. Il la maquille de tous les artifices. Il touche. Il frôle. Il empoigne. Il serre. Il embrasse. Il navigue. Il attrape. Il desserre. Il s’éloigne. Puis il revient à la charge, plus sulfureux encore. Il est intenable et irrésistible. Et moi, je suffoque. Je rougis. Je m’agace. Je m’essouffle. Je réclame. Je supplie.

(à suivre…)

Retrouvez les épisodes 1 et 2 dans la catégorie Billets roses.

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