Le ronron du quotidien m’exaspère, me rend folle. Folle de rage. J’ai envie de hurler, de pleurer, de courir, de m’enfuir, de sauter dans le vide, d’exploser en plein vol ou de m’enfoncer dans le gouffre de la Terre. J’ai envie d’entendre mon coeur tambouriner, se serrer dans un spasme violent, sentir tout mon corps vivre, vivre vraiment, pas à demi, pas mollement, pas doucettement. Je veux bien même avoir mal s’il le faut. La douleur qui cisaille l’âme plutôt que la tiédeur pâle et insipide qui fait la vie sans relief. Je veux bien plonger tout au fond, me laisser couler jusqu’à m’y perdre et dans les tréfonds de la mélancolie trouver la délivrance. Je veux bien mourir dans un an, dans un mois, une semaine ou un jour mais pas sans avoir vécu, pas sans avoir senti et ressenti dans la chair et par tous les pores de la peau le déchaînement des sens, la frénésie de la vie qui déferle dans les veines tel un courant de boue qui emporte tout sur son passage, déracine les arbres, envole les toits des maisons et couche chaque barrière, chaque pylône, chaque obstacle se dressant sur sa route. Je veux mourir d’avoir trop vécu, mourir d’avoir trop aimé, trop admiré et trop éprouvé toutes les secondes comme si chacune était unique, mourir jeune et en bonne santé, mourir foudroyée par la beauté !… Mourir vivante.
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Jolie texte Mademoiselle Emma…
Avec mon meilleur souvenir… Jean-Jacques
Je découvre ces mots à l’instant.
Merci Jean-Jacques !
J’ai aimé aussi: les instants d’hésitation d’une suicidaire sont bien rendus.
A mon avis partie comme vous êtes à la fin du texte, le sicid n’aura pas lieu…
pardon: le suicide n’aura pas lieu…
Et pour cause. Pour raconter la suite de l’histoire, il faut être bel et bien vivant !
Je prends néanmoins au sérieux l’envie de le faire: pour raconter l’épisode comme vous le faites, vous êtes passée par là…(sans y rester…)
Ah… c’est là que réside tout le mystère de l’auteur… Où commence la fiction ? Où s’arrête le réel ? Et l’auteur de naviguer sans cesse entre vécu et imaginaire…